Boko Haram at the border

Diffa, à l’ouest du Niger, se trouve aujourd’hui à la frontière avec Boko Haram ; mouvement djihadiste célèbre pour ses nombreux massacres et ses enlèvements massifs de jeunes femmes, principalement au Nigeria.

Il y a quelques années, Diffa était un territoire prospère. L’agriculture, la pêche, l’élevage et le commerce y étaient développés. Aujourd’hui, la région doit gérer l’afflux de déplacés, les restrictions de mouvements dues aux mesures de sécurité et à la « déradicalisation » des repentis.

Reportage réalisé en novembre 2018.

Diffa, à l'est du Niger est une zone propice à l'agriculture, à la pêche, à l'élevage et au commerce. Aujourd'hui, menacée par Boko Haram, la région est placée sous état d'urgence.
Près de 200 000 personnes fuyant Boko Haram sont installées dans la région de Diffa. Les camps sont partout.
Diffa : un militaire en patrouille passe à côté d'un groupe d'hommes en discussion.
Le marché de poivron de Diffa n'est plus ce qu'il était. A cause des mesures de sécurité, de nombreux agriculteurs ont perdu l'accès à leurs champs.
« Avant, l'agriculture se passait bien à Diffa. Tout le monde y trouvait son compte ; les agriculteurs, les transporteurs et les commerçants », explique Ibrahim, agriculteur.
L'usage de carburant et de certains engrais, utilisés par le groupe djihadiste pour fabriquer des bombes, est interdit par le gouvernement sans autorisation spécifique. De nombreux agriculteurs ont aussi perdu l'accès à leur champ, situés dans des zones où s'opère ponctuellement le combat entre les forces de sécurité et Boko Haram. La circulation dans la région est aussi devenue plus complexe du fait de l'interdiction par l'État de circuler à moto.
« On nous a interdit d'aller au fond de la mare. Les militaires patrouillent là-bas. Mais c'est là que sont les gros poissons » explique Boulou Ousmane en triant ses filets de pêche.
Mamadou Fanani a été blessé en fuyant Boko Haram. Ancien grand producteur, il a complètement laissé tomber la culture de poivrons, faute d’engrais. Il s’attèle aux tomates, aux oignons et à l’oseille, aidé par une partie de ses 15 enfants.
Les déplacés s'installent dans des cases et des tentes dans la ville de Diffa et à l'extérieur. Il y a peu d'opportunités économiques pour eux.
L'UNHCR a lancé un projet d'urbanisation à Diffa. Il prévoit la dotation de terrains à 6 000 ménages ainsi que la construction de 4 000 logements.
« Au moins, ici, personne ne va me demander de partir », explique Zamzabila, l'une des bénéficiares du projet d'urbanisation du UNCHR. « Mais on n'a pas de quoi manger », ajoute-t-elle.
Sayam Forage est le seul camp de déplacé de l'UNHCR dans la région.
Le camp de Sayam Forage abrite des Nigérians et des Nigériens qui ont fui Boko Haram.
Sayam Forage est l'un des seuls camps surveillés par les forces de sécurité dans la région. Il abrite 14 000 personnes.
De jeunes filles étudient au camp de Sayam Forage. Les jeunes étudiantes sont une cible privilégiée de Boko Haram.
Les femmes qui ont fuis Boko Haram ont souvent été victimes de violences sexuelles. A Sayam Forage, elles tentent de se reconstruire, mais elles manquent de tout.
A Goudoumaria, le camps des repentis de Boko Haram abrite 237 personnes qui ont accepté de rendre les armes.
Les repentis de Boko Haram sont abrités dans le camps avec leur famille le temps d'être "déradicalisés".
A Goudoumaria, Oumar Sanda, ancien militant de Boko Haram, apprend les rudiments d’un nouveau métier : tailleur.
Les enfants du centre de repentis, tous comme les adultes, n'ont le droit de sortir qu'en de très rares occasions.
La population de Goudoumaria est mitigée quant à l'instauration du centre de repentis. Certains ont peur de subir des attaques.